Conceptualisation artistique et philosophique de « Le Temps est un Jardin Asynchrone »
Inspirée par Mademoiselle Gachet in her garden in Auvers-sur-Oise, cette réinterprétation fusionne abstraction subréaliste et techniques hybrides (acrylique, numérique, animation image par image) pour explorer la temporalité comme un paysage fragmenté. L'œuvre déconstruit la linéarité du temps en superposant des calques dupliqués de la toile originale, créant ainsi un réseau de « plans d'enchevêtrement » où cohabitent passé et présent. Chaque calque, recadré manuellement puis animé numériquement, symbolise une perception distincte du temps : statique (peinture physique) ou en mouvement (projection numérique). Cette dialectique incarne l'idée d'un jardin-monde où le temps se dilate, s'effondre ou s'évapore, libérant le spectateur de ses exigences normatives – un bien-être asynchrone.
Temporalité et existentialisme numérique
En fragmentant l'œuvre originale en de multiples instances animées, je transpose le concept bergsonien de durée en une expérience visuelle : le temps n'est plus un flux uniforme, mais une superposition d'instants coexistants. Les couches numériques, par leur fluidité cinétique, contrastent avec la fixité de la toile physique, incarnant la tension entre éternité et éphémère. Cette hybridité interroge notre rapport au réel à l'ère numérique, où le virtuel multiplie les perspectives sans les ancrer dans un présent stable. Le jardin, métaphore du monde, devient un non-lieu temporel où se croisent la mémoire (Van Gogh), la technologie (numérique) et le devenir (animation). Collection Xanthopsia : Perception et Résilience
L'ensemble de la collection, en glorifiant la perception altérée, célèbre la capacité de l'art à sublimer les fractures existentielles. En réinterprétant Van Gogh – figure de la création tourmentée – à l'aide d'outils contemporains, l'œuvre suggère que la technologie ne déforme pas le classique, mais révèle plutôt ses couches invisibles. La xanthopsie, ici, n'est pas un handicap visuel, mais un prisme délibéré : filtrer la réalité pour en extraire une lucidité joyeuse, à l'image des tournesols de Van Gogh, à la fois éblouissants et mortels. Philosophiquement, cela fait écho à la démarche de Camus : trouver l'absurde, puis le transcender par la création.
Conclusion : La réinvention comme héritage
Cette œuvre ne se contente pas de rendre hommage à Van Gogh ; elle prolonge sa révolution esthétique en intégrant le numérique comme vecteur de transcendance. En brouillant les frontières entre le tangible et le virtuel, elle nous invite à repenser l'art comme un espace de coexistence des temporalités, où le passé dialogue avec le présent sans s'y dissoudre. Ainsi, le jardin asynchrone devient une métaphore de l'acte créatif lui-même : un lieu où le temps, suspendu, permet aux humains de se réconcilier avec l'éphémère.
Hommage à Van Gogh : Marguerite Gachet in the Garden
Voir l'œuvre originale au musée d'Orsay