La réinterprétation Live Cyclic Cell de la collection Xanthopsia transforme radicalement Still Life with Vegetables and Fruit de Van Gogh en un hybride subréaliste et numérique, où le tangible et le virtuel fusionnent pour incarner une philosophie de la vie comme phénomène organique et infini. Cette œuvre, à la fois hommage et rupture, explore trois grands axes thématiques :
1. De la nature morte à la vie organique : une alchimie cellulaire
En subvertissant la fixité classique de la nature morte, l’œuvre transforme les légumes et fruits de Van Gogh — symboles d’une temporalité éphémère — en entités cellulaires pulsantes, animées par une peinture numérique en stop-motion. Chaque forme végétale devient un microcosme : les coups de pinceau acryliques sur carton évoquent des membranes cellulaires, tandis que les superpositions numériques suggèrent des divisions mitotiques, une vie en régénération perpétuelle. Cette abstraction subréaliste ne représente pas la vie, elle la simule comme un organisme autonome, nous rappelant que l’art lui-même est un écosystème vivant.
2. Xanthopsia : perception utopique et dualité matricielle
La collection puise dans l’oxymore de la « vision jaune » — référence aux altérations chromatiques de Van Gogh, peut-être induites par sa quête de lumière intérieure — pour révéler une dialectique entre ombre et lumière. Le carton, matériau brut et modeste, est ici sublimé par des couches de peinture digitale, créant un contraste entre le terrestre (support recyclé) et le céleste (animation lumineuse). Cette dualité reflète la tension inhérente à la condition humaine : la lutte entre décadence et renaissance, un thème cher à Van Gogh, réinterprété ici comme une célébration du cycle vital, où même la décomposition nourrit la germination.
3. Médias mixtes : l’art comme organisme symbiotique
La matérialité hybride de l’œuvre — couches dessinées à la main, projections numériques, collages en relief — incarne une symbiose technologique :
La peinture physique (acrylique sur carton) conserve l’énergie gestuelle de Van Gogh, mais ses contours dentelés fragmentent l’image, évoquant l’instabilité des perceptions.
L’animation numérique, superposée, insuffle une temporalité fluide, rappelant le mouvement perpétuel des cellules ou des galaxies.
Cette superposition technique mime des mécanismes biologiques, transformant l’œuvre en un écosystème artistique où chaque couche interagit, nourrit et se métamorphose.
Philosophie de la réinvention : Van Gogh comme écho quantique
En transposant l’œuvre dans une esthétique subréaliste, la pièce dépasse l’hommage pour questionner la porosité entre réel et virtuel, entre historicité et présent. Van Gogh, figure de l’artiste en lutte contre l’obscurité, est ici réincarné en alchimiste moderne : sa nature morte, autrefois méditation mélancolique sur la mortalité, devient un manifeste du vitalisme. La boucle animée des cellules fait référence à l’idée nietzschéenne de l’éternel retour, mais aussi aux théories scientifiques sur l’origine abiogénétique de la vie — un hommage à la persistance de la vie malgré le chaos.
Conclusion : l’art comme membrane de transition
Live Cyclic Cell ne réactive pas simplement Van Gogh ; il utilise son langage pour créer une topographie de l’invisible — ce qui échappe à l’œil nu mais structure l’existence (cellules, énergie, données numériques). La collection Xanthopsia, en mêlant dystopie matérielle (carton, fragmentation) et utopie lumineuse (couleurs, mouvement), propose une esthétique de la résilience : l’art comme acte de foi en la transformation, où chaque fissure devient synapse, chaque pixel étincelle de vie. En cela, cette réinterprétation incarne pleinement l’esprit de Van Gogh : non pas copier la nature, mais révéler ses forces cachées, ses cycles infinis — une célébration de la persistance créatrice face à l’éphémère.
Hommage à : Van Gogh – Still Life with Vegetables and Fruit
À voir dans sa version originale au Van Gogh Museum