Au cœur de la collection Xanthopsia, mon œuvre « Agitate Entropy » incarne une dialectique entre ordre et chaos, entre héritage et réinvention, revisitant les rives de l'Oise de Van Gogh à Auvers. Cette œuvre devient un palimpseste visuel où les strates de temps, de matière et de sens se superposent, interrogeant la mémoire artistique à travers l'abstraction subréaliste et des techniques hybrides.
1. Archéologie numérique et palimpseste mystique
- Les couches physiques (toile photographique, acrylique, aquarelle) évoquent l'empreinte tangible de Van Gogh, ses textures tourmentées.
- Les couches numériques (animation image par image, coups de pinceau simulés) traduisent une mémoire dynamique, une réincarnation technologique de son geste.
Ce processus rappelle la théorie de la trace de Derrida, où l'artefact n'est jamais figé mais toujours en cours de réécriture, un dialogue entre le visible et le latent.
2. L'entropie, allégorie de la dualité de Van Gogh
Le titre « Agitate Entropy » métaphorise la tension entre dissolution et régénération, un élément clé de l'œuvre de Van Gogh, où des tournesols fanés cohabitent avec des ciels vibrants. Mon animation numérique, en recréant le mouvement des coups de pinceau, transforme l'entropie (le désordre) en énergie créatrice : la décomposition devient chorégraphie. Cette approche fait écho à la philosophie de Deleuze, pour qui l'art est un « devenir » perpétuel, une machine à capter les forces invisibles.
3. Xanthopsie : Alchimie de la perception jaune
La couleur jaune dominante – hommage aux supposées hallucinations de Van Gogh (liées à la digitale) – n'est plus une pathologie, mais une utopie optique. En saturant numériquement les tons, vous transformez la mélancolie originelle de la Banque de l'Oise (peinte avant son suicide) en une méditation sur la résilience. Le jaune devient un filtre transcendant, rappelant les mots de Merleau-Ponty : « Voir, c’est toujours voir plus que ce que l’on voit.»
4. Sous-réalisme : Entre fantôme et pixel
Mes techniques mixtes inventent un réalisme spectral où le paysage de Van Gogh hante le support numérique tel un fantôme de données. Les calques découpés à la main préservent l’imperfection humaine, tandis que l’animation introduit une précision algorithmique. Cette friction génère un « réalisme halluciné », proche du concept d’hantologie de Fisher : l’art comme apparition du passé dans le présent technologique.
Conclusion : Van Gogh à l’ère du flux
« Agitating Entropy » ne se contente pas de réinterpréter Van Gogh ; il applique sa méthode dans l’espace numérique, faisant de l’abstraction un acte de résurrection. La collection Xanthopsia, à travers ce prisme jaune, propose une épistémologie artistique où chaque œuvre est un nœud dans la toile du temps – une invitation à voir, comme Van Gogh, la lumière rayonner à travers les fissures de la réalité.
Hommage à Van Gogh : « Les rives de l'Oise à Auvers »
Voir l'œuvre originale au : Detroit Institute of Arts