Jack, membre de l’équipe Artpoint, explore comment trois artistes du catalogue Art on Screens s’emparent de l’histoire de l’art non pour s’en affranchir, mais pour la prolonger, la réinterpréter et la faire résonner à l’ère numérique.
Aujourd’hui, je voudrais vous présenter trois artistes du catalogue Artpoint dont les œuvres numériques résonnent avec l’héritage de l’histoire de l’art. On pense souvent — à tort — que l’art numérique marque une rupture radicale avec la tradition artistique qui le précède. En réalité, il s’inscrit dans une continuité séculaire, et ces trois artistes puisent dans le passé pour le réinventer et le réinterpreter plutôt que de le rejeter.
Commençons avec Stuart Ward. Les sculptures virtuelles de Stuart incarnent l’esthétique du Vaporwave, un courant né sur Internet qui est défini par la juxtaposition différentes époques artistiques. Des sculptures antiques en marbre se mêlent à des effets glitch, des graffitis et des néons, créant des images ambiguës, qui semblent exister hors du temps. En réutilisant des icônes classiques, ses œuvres dialoguent avec le passé plutôt que de s’en détacher.
Dans la même veine, la série For the Love of Carpets de Waref Abu Quba réinterprète les traditions artistiques. Waref y anime les motifs de tapis persans traditionnels pour simuler le vent ou la gravité. Ces animations surréalistes offrent un regard neuf sur une pratique millénaire, tout en tissant un lien entre le passé artisanal et le présent numérique.
Enfin, Benjamin Bardou interroge la manière dont nous nous souvenons de l’art. À partir d’œuvres iconiques de l’histoire de l’art, il en extrait les palettes de couleurs pour les disperser dans des univers abstraits et immersifs. Ses environnements numériques traduisent la mémoire comme un processus fragmentaire et imparfait, proposant une relecture poétique et altérée des images les plus familières de notre héritage visuel.
Chacun de ces artistes réinvente le passé à travers un prisme numérique. Leurs œuvres ne rompent pas avec la tradition — elles la prolongent. Comme chaque mouvement artistique avant lui, le numérique s’appuie sur ce qui l’a précédé, reformulant l’histoire de l’art pour une nouvelle époque.