Interview Expertise : La Joaillerie Numérique

2025-07-04
|
interview

Jack, membre de l’équipe Artpoint, explore comment trois artistes de notre catalogue Art on Screens réinventent les codes de la joaillerie à travers leurs œuvres numériques.

Aujourd’hui, cap sur la joaillerie numérique — et plus précisément sur la manière dont trois artistes d’Artpoint redéfinissent le bijou, ses codes matériels et esthétiques, à travers leurs œuvres digitales.

Le bijou a toujours été un symbole : de beauté, de statut, de pouvoir. Mais que se passe-t-il lorsqu’on arrache le bijou à son ancrage corporel pour le projeter dans le monde virtuel ? Explorons les univers de ces artistes qui font scintiller autrement la joaillerie, à l’ère du numérique.

D’abord, Noëlle van Dijk avec Diamond Bloom. Dans cette œuvre générée par IA, un bouquet de fleurs se métamorphose en joyau, avec des branches à la texture métallique et des pétales en pierres précieuses. Elle fusionne la beauté et la valeur de la nature avec celles de la joaillerie — brindilles, bourgeons, diamants composent un tout surréel. Noelle élève ainsi la nature au rang de trésor, suggérant, en image, la nécessité de la protéger et de la préserver.

Ensuite, Javier Soler avec Fluid Diamonds, une animation 3D où une cascade de diamants s’écoule entre des mains dorées. Ici, le désir et l’avidité sont flattés, nos yeux noyés dans un torrent d’éclats — mais attention, ces diamants n’existent que dans le monde virtuel. Ils ne sont ni réels, ni rares, ni échangeables : ils n’ont aucune valeur matérielle. Alors pourquoi suscitent-ils malgré tout un tel émerveillement ? Leur valeur provient uniquement de leur apparence : une lumière éclatante, des facettes géométriques parfaites. Javier Soler redéfinit notre perception de la valeur, la détachant du matériel pour affirmer que l’apparence suffit à donner toute sa valeur au bijou.

Enfin, Constance Valero avec Sculpture 04 : une structure 3D métallique, tournoyante, faite de courbes abstraites. Sa qualité sculpturale et sa surface réfléchissante rappellent l’esthétique des bijoux, mais la ressemblance s’arrête là. Sa matérialité reste ambiguë, oscillant entre métal et liquide, et il semble impossible à porter. Par cette œuvre, Constance interroge : dans un monde où l’on se détache de plus en plus de nos corps physiques, pourquoi les bijoux ne s’en affranchiraient-ils pas aussi ? Qu’est-ce qu’un bijou quand le corps devient virtuel ? Peut-être que l’esthétique seule suffit à définir le joyau.

Ensemble, ces trois artistes montrent qu’à l’ère numérique, le bijou se libère de sa fonction traditionnelle, portée ou possédée, pour devenir pur objet visuel