Avant que le virtuel ne prenne le dessus, c’est le mécanique qui dominait. Autrefois symbole ultime de modernité, la mécanique incarnait les espoirs de l’ère industrielle : précision, contrôle, maîtrise de la matière. Elle marquait une première rupture avec notre nature organique — totalement détachée des rythmes fluides, imprécis et imprévisibles du vivant. Mais aujourd’hui, dans un monde dématérialisé où les algorithmes façonnent le réel et où tout tend vers l’intangible et le virtuel, la mécanique prend des allures de rétrofuturisme. Elle n’est plus synonyme d’avenir, sans pour autant appartenir tout à fait au passé.
La mécanique occupe désormais un entre-deux étrange : étrangère au numérique, détachée du biologique. Ni vivante, ni immatérielle, elle déploie un imaginaire visuel qui lui est propre — froid, tangible, rigoureusement précis. Et c’est précisément cette altérité, ce détachement à la fois du vivant et du code, qui fascine à nouveau les artistes contemporains. Dans cette collection, ils réexplorent et réinventent le langage esthétique des boucles, des engrenages et du mouvement perpétuel. Que reste-t-il de la machine quand sa fonction industrielle s’efface — lorsqu’elle cesse d’incarner le progrès et devient un pur objet de contemplation ?